Après une courte formation d’environ six mois dans un centre d’incubation d’entreprise agricole, la majorité des jeunes béninois diplômés d’université, frappés par le chômage lié au gel des recrutements dans l’administration publique à partir de 1987 au titre des mesures de redressement de l’économie du pays, se convertissent depuis ces dernières années en entrepreneurs agricoles.

“Après l’obtention de ma maîtrise en science économique en 2014 à l’Université d’Abomey Calavi, j’ai suivi une formation de six mois au projet Songhaï de Porto-Novo, où j’ai été spécialisé en production animale. A la suite de cette formation, j’ai pu bénéficié d’un accompagnement financier du projet gouvernemental de promotion de l’entreprenariat agricole qui m’a permis de m’installer”, a raconté Bernadin Sossou, un jeune éleveur de lapins dans la commune d’Abomey Calavi.

Ainsi, avec un petit élevage de lapins, il y un peu moins deux ans, M. Sossou dispose aujourd’hui d’un grand nombre de lapins. “Je livre plus de 400 kg de viande de lapin tous les mois aux restaurants et supermarchés de Cotonou à un prix de 2.500 FCFA le kilo. Je fais donc chaque mois une entrée d’argent de plus d’un million de FCFA”, a-t-il confié à Xinhua.

Pour Henriette Dossa, détentrice d’une licence en aménagement du territoire, devenue par la force du chômage exploitante agricole à Togba dans la commune d’Abomey-Calavi, l’agro-business qu’elle a opté après des années de chômage, lui permet non seulement de joindre les deux bouts, mais aussi de subvenir aux besoins financiers de ses frères et sœurs.

“Je dispose d’une petite usine de fabrication artisanale de jus d’ananas, après un bref passage de six mois de formation au projet Songhaï de Porto-Novo, où j’ai été spécialisée en transformation agro-alimentaire. Avec l’accompagnement financier du projet de promotion de l’entreprenariat agricole, j’ai pu acquérir deux hectares de champs d’ananas pour le démarrage des activités de mon usine. Mais aujourd’hui, avec les bénéfices que je réalise à partir de la vente de jus, j’ai déjà à mon actif au moins cinq hectares de champs d’ananas que je compte agrandir les années à venir”, a-t-elle expliqué.

Elle a affirmé que son entreprise de fabrication de jus d’ananas est non seulement très rentable, mais aussi sa source de richesse.

Ainsi, avec la réussite de beaucoup de jeunes entrepreneurs dans le domaine agricole, plusieurs milliers de jeunes diplômés béninois sans emplois se sont engagés dans l’entreprenariat agricole, en s’inscrivant sur la vingtaine de centres d’incubation agricole, répartis sur l’ensemble du territoire béninois.

Interrogé par Xinhua, Patrick Tossa, enseignant chercheur en économie dans une université de Cotonou, a estimé que ce foisonnement des jeunes entrepreneurs agricoles au Bénin, permettra non seulement de régler le problème du chômage, mais aussi celui de la sécurité alimentaire dans le pays.

“Le Bénin enregistre un taux de sous-emploi visible de 31,5% et invisible de 50%, un taux de chômage de 14,3% chez les jeunes de 15 à 29 ans exerçant dans le secteur informel”, a-t-il déploré.

De même, a-t-il souligné, à l’aune des Objectifs de développement durable (ODD), obtenir des progrès durables en matière de développement humain restera un vœu pieux sans la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

“Composante essentielle de la sécurité humaine, la sécurité alimentaire est indispensable au développement humain par le biais de l’alimentation et la nutrition”, a-t-il souligné, précisant que le Bénin regorge d’énormes potentialités dans le domaine agricole : la terre, les eaux, les hommes.

“Avec une proportion de 11,2% de la population dénombrée comme souffrant de la faimine en 2014, le Bénin a réalisé la cible 1.C des OMD qui vise à +réduire de moitié, entre 1990 et 2015, la proportion de la population qui souffre de la faim+. Malgré ces performances, le pays reste classé parmi les nations du monde où le niveau de prévalence de la faimine est préoccupant”, a-t-il regretté.

Ainsi, il a affirmé que l’orientation massive des jeunes diplômés sans emplois vers les entreprises agricoles favorisera une augmentation de la croissance économique qui renforcera la lutte contre la pauvreté au Bénin dans les années à venir.

 

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Comme beaucoup de personnes j’ai connu l’Afrique à travers des stéréotypes : l’Afrique est pauvre, il y a la guerre, famine… Je suis devenu entrepreneur pour briser ces clichés et participer à la construction du continent. J’ai lancé plusieurs entreprises dont Kareea (Formation et développement web), Tutorys (Plate-forme de e-learning), AfrikanFunding (Plate-forme de crowdfunding). Après un échec sur ma startup Tutorys, à cause d’une mauvaise exécution Business, un manque de réseau, pas de mentor, je suis parti 6 mois en immersion dans l’écosystème Tech au Sénégal. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs passionnés, talentueux et déterminés. A mon retour sur Paris je décide de raconter leur histoire en créant le média AfrikaTech. L'objectif est de soutenir les entrepreneurs qui se battent quotidiennement en Afrique en leur offrant la visibilité, les connaissances, le réseautage et les capitaux nécessaires pour réussir. L'Afrique de demain se construit aujourd'hui ensemble. Rejoignez-nous ! LinkedIn: https://www.linkedin.com/in/boubacardiallo

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